Les amitiés toulousaines de Rodin
mardi 19 novembre 2024
Bertille vous raconte des histoires # 6
Né le 12, disparu le 17, novembre est sans équivoque le mois Rodin (1840-1917).
Cette temporalité m’offre l’opportunité d’abord de vous rappeler que l’œuvre de Rodin est présente dans nos collections et ensuite d’y faire écho en évoquant un épisode de sa vie où il tissa de solides liens d’amitié avec plusieurs artistes toulousains.
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Un Rodin aux Augustins
Rodin a 42 ans lorsqu’il modèle le buste du peintre toulousain Jean-Paul Laurens originaire de Fourquevaux (1838-1921). Le musée en a fait l’acquisition auprès de la famille Laurens en décembre 1962.
Exposée par l’artiste au salon de 1882, la sculpture "digne d’un Michel-Ange" reçut de beaux éloges tant elle offre - selon les indications de son cartel - non moins que la ressemblance humaine du modèle, sa ressemblance morale et intellectuelle dans toute sa noblesse.
Détail côté droit du buste
Sur l’œuvre, une attention toute personnelle relevant de l’intime attire le regard avec à droite à côté de sa signature ces quelques mots gravés par Rodin : "A mon ami J.P. Laurens".
Mais pourquoi graver dans le bronze ce lien d’amitié ?
Parce que selon Rodin, Laurens était l’un de ses plus anciens amis.
Pour la petite histoire, lorsqu'éclate en 1877 une cabale accusant Rodin d’avoir moulé sur nature "L’Âge d’airain", Laurens lui apporte un soutien total et inconditionnel. Il l‘appuie aussi pour obtenir la commande des "Bourgeois de Calais". Rodin gardera toute sa vie à l'égard du peintre une reconnaissance sincère et inaltérable pour l’avoir poussé à créer une de ses meilleures œuvres.
De cette estime réciproque, Laurens réalisa le portrait de Rodin et le représenta également sous les traits d’un guerrier mérovingien dans sa fresque "Les funérailles de Sainte Geneviève" présenté au Panthéon.
Laurens préfaça l'ouvrage intitulé "L'œuvre de Rodin - Exposition 1900" en des termes puissants et élogieux : " ... [Rodin] est de la race de ceux qui marchent seuls, de ceux que sans cesse on attaque, mais que rien ne peut entamer".
Autoportrait d'Alexandre Falguière à l'âge de 30 ans - lire la notice de l'œuvre
Un autre artiste toulousain, le sculpteur Alexandre Falguière (1831 Toulouse – Paris 1900) reçut lui aussi tout le respect de Rodin.
"L’affaire Balzac" (lire ci-dessous *) scella leur amitié sans aucune amertume ni rancœur. Par réciprocité de sympathie, Rodin réalisa le buste de Falguière et Falguière celui de Rodin.
Aussi Falguière représenta Rodin et Laurens parmi les apôtres dans une de ses toiles intitulée "La Cène".
Mais alors que Falguière disparaissait prématurément, Rodin fit mettre, en hommage à son ami, la photographie du buste réalisé à son effigie par le défunt en page de titre du catalogue de son exposition rétrospective au Pavillon de l’Alma en 1900.
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* En 1891 la Société des gens de lettres commanda à Rodin une œuvre monumentale à la mémoire de l’écrivain Balzac. Trop visionnaire, l’œuvre fût refusée par la société qui préféra confier sa commande à Falguière qui l’accepta. Si la statue réalisée par Falguière (vue en réduction - lire la notice de l'œuvre) est érigée à Paris place Georges Guillaumin, celle de Rodin a été élevée 5 kms plus loin au n°136 du boulevard Raspail.
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