Création du couvent des Augustins et de son cloître


C’est en 1309 que les Ermites de Saint-Augustin décident d’établir un couvent au cœur de Toulouse. Avec l’autorisation du Pape Clément V, des travaux sont rapidement entrepris sous la direction de Jean de Lobres, maître d’œuvre de la cathédrale Saint-Étienne.
Dès 1341, une assemblée générale de l’ordre se réunit dans le couvent. À cette date étaient sans doute déjà construites quatre travées de l’église, le clocher et les salles capitulaires, ainsi que la première galerie du cloître. L’ensemble des galeries du grand cloître est achevé à la fin du 14e siècle. À cette époque, près de deux cents moines vivaient, travaillaient et priaient dans le couvent.
Caractéristique de ce qu’on appelle le style gothique méridional, l’église est organisée autour d’une large nef unique, sans transept, ouvrant sur un chevet à trois chapelles seulement. Sa construction est ralentie par le grand incendie qui ravage Toulouse en 1463 : l’église est finalement consacrée le 30 juin 1504.


16e et 17e siècles : grandeur et déclin du couvent


Au début du 16e siècle, de nombreux travaux sont réalisés au couvent pour améliorer la vie des religieux, dont l’édification d’un deuxième étage. Plus tard, en 1626, un petit cloître d’inspiration Renaissance est édifié pour servir de parloir aux religieux. Entretemps, en 1550, la foudre a détruit la flèche et les étages supérieurs du clocher : faute de moyens, ils ne seront jamais reconstruits.
Si le couvent, doté d’une bibliothèque de premier ordre, reste un centre important pour l’étude et la commande artistique, ses ressources s’amenuisent, tandis que des affaires de mœurs éclatent.
La communauté des moines augustins diminue régulièrement : les religieux étaient près de 200 aux 14e et 15e siècles, ils ne sont plus que 31 en 1680, puis quelques-uns à peine au moment de la Révolution.


19e et 20e siècles : la transformation du couvent en musée


La Révolution française met un terme définitif aux activités religieuses du couvent. Le 2 novembre 1789, il devient Bien national, il est désaffecté puis démembré en 1790 lors de la suppression des ordres monastiques. Décidée par le conseil départemental, la création d’un « Muséum provisoire du Midi de la République » fait du musée des Augustins l’un des plus anciens musées de France : il ouvre dans l’église en août 1795, très peu de temps après le Louvre.
Au début du XIXe siècle, le musée et l’école des beaux-arts investissent deux autres ailes du couvent et le petit cloître.
Vers 1830, soucieuse de gommer le caractère religieux de l’édifice, la municipalité fait araser l’extrémité arrondie du chœur et plusieurs chapelles gothiques sur la rue des arts. Elle fait en outre appel à l’architecte Urbain Vitry pour concevoir le « temple des arts » dans l’église : monument en stuc d’inspiration néoclassique qui dissimule le monument gothique.
À la fin du XIXe siècle, plusieurs parties du couvent sont détruites et l’école des beaux-arts quitte les lieux. Le long de la rue Alsace-Lorraine, une nouvelle aile de style éclectique est imaginée par Viollet-le-Duc, réalisée par son élève Denis Darcy : l’ambition d’un « nouveau musée » se dessine.
De nombreuses transformations sont finalement mises en œuvre après la Seconde Guerre mondiale : le "temple des arts" est démonté, les volumes de l’église restitués. Divers chantiers de restauration et d’aménagements muséographiques sont réalisés : le musée, métamorphosé, rouvre ses portes en 1980.