"La Musique", un grand plâtre de Falguière, retrouve son éclat

Une restauration complexe mais bien orchestrée

Alexandre Falguière (Toulouse, 1831 – Paris, 1900) - "La Musique" 
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Un haut-relief spectaculaire et exceptionnel par ses dimensions (hauteur 193cm x longueur 167cm x profondeur 65cm) fait l’objet d’une méticuleuse restauration pour garantir sa bonne conservation. Ce grand plâtre nommé « La Musique » représentant une fête champêtre a été exécuté en 1891 par le sculpteur toulousain Alexandre Falguière pour le baron Joseph Vitta (1860-1942) mécène et collectionneur issu d’une riche famille de banquiers lyonnais.

Le baron Joseph Vitta vers 1895. Waléry, collection particulière

Ce relief et ses nombreux personnages (bergère et son troupeau, musicienne, paysanne dansant, enfant, etc.) ornaient la salle de billard de La Sapinière, villa construite en 1896 à Evian par l'architecte Jean Camille Formigé pour le baron Vitta. Les murs étaient peints, par Jules Chéret, d'une fête galante. Le plâtre de Falguière était disposé au-dessus de la cheminée en ébène et amarante. De nombreux autres artistes (Rodin, Félix Bracquemond, Alexandre Charpentier, etc.)  ont également participé au décor de cette somptueuse résidence d’été.

Donné au musée des Augustins en 1932 par le baron, ce grand relief était très encrassé et endommagé. Des fragments détachés, conservés dans des cartons, devaient être replacés pour redonner son intégrité et sa lisibilité à l'œuvre.

La restauratrice Anne Courcelle lors de l'opération de nettoyage au gel pelable

La restauration s’annonçait complexe et nécessitait des opérations spécifiques sur la structure et sur le plâtre.

 À son chevet plusieurs restauratrices sont intervenues ou vont intervenir dans les mois qui viennent.

Célia Santi portera prochainement toute son attention à la consolidation de la structure avec la reprise du bâti en bois, le collage et la pose d’une plaque en nid d'abeille assise sur une semelle pour une meilleure répartition des points d’appui.

Renfort et enchevêtrement de boisage au revers

En revanche Anne Courcelle a d'ores et déjà achevé sa mission de nettoyage sur le plâtre avec le dépoussiérage, le décrassage au gel pelable, le refixage ainsi que la protection des restes de polychromie mis à jour.

 
Une fois sec, le gel pèle en détachant l’encrassement

Ce relief était peint. Malgré leur disparition quasi intégrale, de nombreuses et très petites plages de couleur révèlent une palette discrète de vert, bleu sur le feuillage ; de rouge brun rougeâtre sur les troncs ; de beige ocré sur les carnations ou encore de dorure et de jaune sur la chevelure de certains personnages.

 
La polychromie apparait ici avec un bleu foncé visible sur le haut des arbres

Pour bien comprendre cette polychromie dans son ensemble, une étude stratigraphique est nécessaire, c'est à dire l'étude des superpositions de couleurs et de matières sur l'œuvre. Toutes les données collectées seront conservées dans le dossier d'œuvre, outil de référence pour les chercheurs qui s'intéresseraient à ce plâtre.