Hortense Haudebourt-Lescot, peintre néoclassique

Hortense Haudebourt-Lescot (1784-1845) est née le 14 décembre 1784. Célèbre de son vivant, c'est une figure importante du néoclassicisme qui excelle dans les scènes pittoresques de genre "sentimentales".

 Portrait d’Hortense Haudebourt-Lescot en costume de paysanne italienne,
d’après Jean-Auguste-Dominique Ingres - Wikimedia Commons

Un style inspiré par l'Italie

Son séjour de six ans à la Villa Médicis, sous la direction de Guillaume Guillon-Lethière, directeur de l’Académie de France à Rome, marque profondément son travail. Les sujets populaires italiens deviennent un thème récurrent dans ses œuvres, dont plusieurs sont datées entre 1810 et 1840, période de ses premiers succès au Salon. 

Peintre attitrée de la Duchesse de Berry, Marie-Caroline de Bourbon-Siciles, Hortense Haudebourt-Lescot a su s’imposer comme une artiste influente du XIXᵉ siècle.

Un succès durable au Salon

Avec près d’une centaine de tableaux exposés au Salon, Hortense Haudebourt-Lescot remporte plusieurs distinctions, dont la médaille d’or en 1827, remise par Charles X. Sur commande de l’État, elle réalise également des œuvres pour le musée du Château de Versailles, consolidant ainsi sa place parmi les grands noms de la peinture néoclassique.

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L’œuvre

Présent dans les collections du musée, son tableau "Deux merveilleuses" illustre deux femmes vêtues de riches drapés, partageant une collation dans un intérieur sombre et mystérieux. Cette œuvre évoque une halte champêtre autour d’une table garnie de pâtisseries aux côtés d’un four portatif. Ce type de scène s'inscrit dans l'imagerie pittoresque, influencée par ses voyages en Italie.

 Les Merveilleuses… De qui parle-t-on ?

Sous le Directoire (1795-1799), après les excès de la Terreur, apparurent les Incroyables et les Merveilleuses, figures excentriques issues de la bourgeoisie et de la noblesse. Recherchant le plaisir et la frivolité, ces hommes et ces femmes adoptèrent des styles vestimentaires audacieux et impudiques.

Les Incroyables, précurseurs des dandys, se distinguèrent par leurs habits démesurés : redingotes amples, cravates volumineuses, et même une diction bannissant la lettre "r", dont le roulement était jugé trop provincial.

Louis Darcis - Les Merveilleuses (estampe) - Source gallica.bnf.fr

Les Merveilleuses, quant à elles, s’inspirèrent de l’Antiquité avec des robes fluides, près du corps, souvent transparentes et décolletées. La plus réussie – disait-on à cette époque – était celle qui laissait le moins à deviner. Des coiffures sophistiquées firent également leur apparition, comme la "coiffure à la victime", que les femmes échappées de l’échafaud rapportaient de leur prison. Ce dress-code provoqua une forte hausse de la mortalité : fluxions et pleurésies fauchèrent sans pitié dans les rangs de ces élégantes.

Ces jeunes gens, amateurs de fêtes et de bals, incarnèrent une réaction de rejet face à l’austérité révolutionnaire. À travers leur mode provocante et leur quête de plaisirs, ils marquèrent par leur extravagance le Directoire tout en laissant une empreinte sur la culture et la mode de l’Empire.