Bonjour,
Profitons de ce mois d'avril pour explorer la thématique de l'architecture avec les deux derniers épisodes de notre podcast consacrés à Eugène Viollet-le-Duc. Côté musée, faisons la connaissance de Caroline Berne, régisseure des œuvres et découvrons que les murs du musée sont décorés d'un portail provenant d'une église disparue... Enfin, notre infolettre se clôture en beauté et en BD, avec la restauration d'un tableau et deux nouvelles interventions de GOM et Frédéric Maupomé, bédéistes. |
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"Histoire des arts, objectif BAC !" : dernier thème !
Futurs bacheliers ou simples curieux, écoutez la dernière série de podcasts correspondant au programme de la spécialité Histoire des arts du baccalauréat 2023-2024. Cette thématique est dédiée à l’architecte Eugène Viollet-le-Duc qui, en 1873, porte le projet d’agrandissement du musée des Augustins, poursuivi après sa disparition par son élève Denis Darcy.
Un artiste en son temps : Eugène Viollet-le-Duc (1814-1879) L’incendie de Notre-Dame de Paris en avril 2019 rallume les braises mal éteintes d'un débat difficile à trancher : faut-il ou non conserver les interventions de Viollet-le-Duc dans les édifices patrimoniaux ? La cote d’amour de cet architecte parmi les plus célèbres de notre histoire a fluctué selon les époques, et ce depuis le 19e siècle. Ouvert à l’environnement, il est intervenu partout en France et a joué un rôle décisif dans la reconnaissance et la préservation de nombreux sites. Mais n'a-t-il pas été trop interventionniste parfois ?.. Aujourd'hui, la restauration obéit à des règles et suit des procédures très encadrées, pour une harmonisation des programmes de protection des sites et monuments. À l’époque d'Eugène Viollet-Le Duc, ce cadre n’existait pas, laissant plus de place à la subjectivité et aux interprétations. Ce dont ne s'est pas privé cet amoureux passionné du Moyen Âge ! Retour sur un personnage controversé mais essentiel, sans lequel nombre d’édifices majeurs ne seraient plus là… |
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Caroline Berne, régisseure des collections
Le musée des Augustins a prêté au musée Saint-Raymond pour son exposition "Cathares" plusieurs œuvres, dont un ensemble sculpté, une Annonciation, dont le déplacement a été minutieusement préparé. Au musée, ce groupe sculpté est accroché sur une cimaise dans la salle des sculptures romanes parmi de nombreux chapiteaux disposés sur des colonnes dans toute la salle... Et c'est bien là que réside la complexité de l'opération ! L'équipe de transport spécialisée dans le mouvement d'œuvre a monté un échafaudage sur mesure afin de pouvoir décrocher puis déplacer les deux sculptures très lourdes qui ont ensuite été mises en caisse pour le transport. L'opération a nécessité la présence de quatre personnes sur une journée entière. Chaque mouvement d'œuvre est un défi en cela qu'il représente un potentiel danger pour l'objet. Ma mission consiste à organiser et superviser la logistique nécessaire au bon déroulement de ces instants qui sont parfois de vrais événements. Ces sculptures, par exemple, n'avaient pas quitté leur cimaise depuis plus de 25 ans. Elles sont pour l'heure bien installées au musée Saint-Raymond... jusqu'à leur retour prévu début 2025 ! |
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L’équipe du musée était conviée il y a quelques jours à une petite visite de chantier du nouvel accueil. Les volumes intérieurs se dessinent : zone d’accueil, toilettes, espaces d’attente sont déjà perceptibles. La partie intérieure de la pente douce qui mènera les visiteurs de la rue jusque dans le cloître est déjà modelée. Prochaines étapes : pose des menuiseries extérieures, cloisonnements intérieurs et démarrage du parement en pierre de la façade ! |
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Le portail des Pénitents noirs |
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Dans les années 1980, une nouvelle entrée est construite au musée des Augustins. Ces travaux sont d’abord entrepris en 1950 par l’architecte Sylvain Stym-Popper, puis terminés en 1981 par l’architecte Yves Boiret. Le nouveau bâtiment est alors décoré du portail récupéré de la chapelle démolie des Pénitents noirs, une ancienne église située rue Saint-Jérôme, non loin du musée. Les Pénitents noirs occupaient les lieux depuis 1571. Cette confrérie laïque était entre autres renommée pour le soin qu’elle apportait à l’architecture, le mobilier et la décoration de ses lieux de culte. La chapelle des Pénitents noirs de Toulouse émerveillait les visiteurs par son décor unique et la richesse de ses peintures colorées. Nicolas Tournier avait notamment peint plusieurs tableaux pour la chapelle, dont La Mise au tombeau et La Bataille de Constantin contre Maxence, conservés au musée. |
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Jean Chalette, "La Vierge aux prisonniers ", vers 1630. |
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| Ce tableau vient de retrouver les collections du musée après plusieurs mois de restauration. Plusieurs interventions ont été pratiquées : le remplacement du châssis, l’enlèvement des vernis oxydés, le dégagement des repeints et mastic. Les restaurateurs ont ensuite effectué les retouches picturales nécessaires pour combler les lacunes et reprendre des zones d'usure. Enfin, ils ont appliqué un vernis protecteur. Cette toile peinte dans les années 1630, est restée longtemps accrochée au-dessus de la porte du Grand Consistoire du Capitole de Toulouse, là où les Capitouls toulousains jugeaient les causes civiles et criminelles. Depuis 2022, la paternité de cette œuvre est contestée et aujourd’hui un point d’interrogation subsiste. Longtemps attribuée à Jean Chalette (1581-1644), peintre officiel des Capitouls, une nouvelle proposition a été émise par un professeur de l’université de Naples en faveur du peintre sicilien Giovanni Bernardo Azzolino (1572-1645). Chalette ? Azzolino ?... L'histoire de l'art est une matière bien vivante où s’ouvrent, à chaque questionnement, de nouveaux champs d’investigation. |
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