Jean-Baptiste Oudry, le meilleur ami des bêtes
mercredi 22 mai 2024
Une œuvre en prêt
Le tableau intitulé « Louis XV chassant le cerf dans la forêt de Saint-Germain » vient de quitter les salons pour un prêt accordé par le musée des Augustins. L’œuvre de 4m10 de long pour 2m30 de hauteur n’avait pas quitté les cimaises muséales depuis 35 ans ! Elle a pris ce 22 mai la direction de l'Île-de-France.
Une dernière inspection minutieuse de l'œuvre avant son départ par la régisseure des collections Caroline Berne.
Cette peinture à l'huile a été exécutée en 1730 par Jean-Baptiste Oudry (Paris 1686 – Beauvais 1755) pour répondre à une commande royale de Louis XV.
Le passage délicat de l'escalier Darcy avant le convoiement vers le domaine royal de Marly dans les Yvelines.
L’artiste
Jean-Baptiste est le fils de Jacques Oudry, maître peintre et directeur de l’Académie de Saint-Luc (ancienne communauté des peintres et sculpteurs de Paris). Elève de Nicolas de Largillierre, il entre à l’âge de 33 ans à l’Académie royale de peinture et de sculpture en qualité de peintre d’histoire. En 1734 il est nommé directeur de la manufacture de tapisserie de Beauvais et en 1743 professeur à l’Académie royale. Porté par la renommée de sa palette, il sera amené aussi à illustrer le célèbre bestiaire des fables de Jean de la Fontaine pour une édition datant de 1755.
Jean-Baptiste Oudry - Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
Passé maître dans l’art de la peinture animalière et des sujets cynégétiques (chasse à courre, chiens et gibiers...), Jean-Baptiste Oudry sera invité en janvier 1728 à suivre une chasse royale.
L’œuvre
De cette expérience croquée sur le vif, le peintre exécuta en 1730 la toile conservée au musée.
Si l’on en croit la Revue du Louvre (N°1 – 2021, Oriane Beaufils), ce « tableau spectaculaire auréola de gloire l’artiste aussi à l’aise avec l’hallali qu’avec le petit chien de compagnie ».
Comme l’indique son titre, ce tableau, au format panoramique, immortalise une chasse royale représentant en plein centre Louis XV qui observe avec sa suite l’instant de l’hallali, ce temps où la bête traquée et aux abois (ici un cerf) rend pour ainsi dire les armes. Enthousiasmé par sa mise en scène et la justesse de sa composition, le monarque décida d’accrocher l’œuvre dans l’antichambre de son château à Marly.
L’artiste ne manqua pas d’humour, d’impertinence ou peut-être de prétention, en brossant son propre autoportrait dans l’angle inférieur droit de la toile. Par ce geste (que l’on retrouve aussi dans le carton « Cerf aux abois dans les rochers de Franchard » au château de Fontainebleau), le peintre accompagne son souverain jusque dans ses appartements privés.
Les expositions
Bien sagement accrochée dans le salon de peinture du musée des Augustins depuis 1989, date de sa dernière sortie pour une exposition à Paris, la toile sera exposée prochainement sur deux sites prestigieux :
Au Musée du domaine Royal de Marly
Du 7 juin au 3 novembre 2024 : "Les chevaux du roi - Les Chevaux de Marly, chefs-d'œuvre de l'art équestre".
Au Château de Fontainebleau
Du 12 octobre 2024 au 27 janvier 2025 : "Peintre de courre : Jean-Baptiste Oudry et les chasses royales".