Edouard Debat-Ponsan
jeudi 25 avril 2024
L'histoire de Bertille #3
Un heureux hasard de calendrier me permet d’évoquer la vie de l’artiste peintre Edouard Debat-Ponsan né le 25 avril 1847 à Toulouse et qui soufflerait donc aujourd’hui ses 177 bougies.
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Edouard Debat-Ponsan, "Autoportrait" © Musée des Beaux-Arts de Tours, F. Lauginie
D’origine gersoise, les Debat-Ponsan sont surtout inspirés par la musique où plusieurs branches de la généalogie portent des professeurs au conservatoire, des organistes réputés et autre harpiste d’excellence. Sans trop d’affinités avec le solfège, Edouard sera le seul de la famille qui loge rue Pharaon à Toulouse, à suivre des études à l'école des Beaux-Arts de Toulouse puis à Paris dans l’atelier du montpelliérain Alexandre Cabanel.
Sa palette à multiples facettes déborde d’inspirations tantôt peintre d’histoire ou de scènes de genre ancrées dans l’imagerie populaire rurale tantôt décorateur pour la salle des Illustres ou encore portraitiste mondain.
Son talent éclectique s’affirme. Il décroche le 2ème prix de Rome en 1873. Voyage en Italie, en Turquie. De ce séjour en Orient (1882-1883), qui lui ouvre les portes d’Istambul et du détroit du Bosphore, naîtra l'une des œuvres phares des collections du musée des Augustins : "Le massage. Scène de hammam".
Je vous invite à regarder la vidéo "L'oeuvre en 3 minutes !". Notre conférencière Marthe Pierot y décrypte ce chef d’oeuvre d’une grande sensualité, ainsi que son esquisse préparatoire.
Profitons de cette pause lascive pour partager une courte anecdote. Sans être véritablement fondés, certains écrits indiquent que l’épouse d’Edouard Debat-Ponsan - Marguerite - aurait servi de modèle à la composition de cette toile dénudée. Après avoir observé Marguerite de dos, je ne résiste pas à l’envie de vous faire découvrir les traits de son joli visage peints par son époux en 1906.
Edouard Debat-Ponsan, "Madame Debat-Ponsan sur la terrasse à Nazelles" © Musée des Beaux-Arts de Tours, F. Lauginie
Debat-Ponsan qui goûte au plaisir champêtre du domaine familial près de Toulouse, n’en demeure pas moins un artiste en réaction avec son époque.
La IIIème République secouée par l’affaire Dreyfus marquera son engagement républicain dans le camp dreyfusard. Fervent combattant de l’antisémitisme et de l’injustice dont est victime l’officier français, Edouard apportera en 1898 une œuvre à la lutte : « La vérité sortant du puits ou Nec Mergitur ».
Edouard Debat-Ponsan, "La vérité sortant du puits" © Ville d’Amboise, Musée-Hôtel Morin
L’œil de Sioux de certains experts n’a pas manqué d’établir un rapprochement averti entre cette allégorie de la vérité brandissant un miroir réalisée par Debat-Ponsan et celle de la liberté, porte-étendard tricolore peinte par Eugène Delacroix en 1830 soit 68 ans plus tôt (lire la notice de l'œuvre). La gestuelle, la posture insurrectionnelle servent le même élan politique de l'artiste-citoyen engagé.
Cet évènement pictural majeur dans la carrière du toulousain provoquera, tant une rupture professionnelle qu’un déchirement familial irréversible. Mis au ban de sa famille toulousaine mais aussi de sa clientèle bourgeoise antidreyfusarde, il finira par quitter définitivement le Midi pour la Touraine. Cette œuvre sera offerte après une souscription à Emile Zola qui l’accrochera dans son appartement parisien. Le grand romancier dira d’elle : « … on semble entendre devant cette toile le cri de conscience d’un honnête homme ».
Ed. Tuck Raphaël et fils - Mairie de Toulouse, Archives municipales, 9Fi6536
Cette reconnaissance aura certainement un écho qui marquera la vie et influencera à n'en pas douter les carrières de ses petits-enfants : Michel Debré (1912-1996) qui fut homme d’état et 1er ministre du Général De Gaulle et son frère Olivier Debré (1920-1999), artiste peintre, figure de proue de l’abstraction lyrique.
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Bibliographie
"Debat-Ponsan (1847-1913). Dans la lumière de l'impressionnisme" - Tours, musée des Beaux-Arts – Ed. Mare & Martin 2014
"Debat-Ponsan (Toulouse 1847 – Paris 1913) ", Musée du Pays Vaurais Paul Ruffié - Ed. Privat 2005
